En voila un roman intéressent ;
L'autre Moitié :
par Nahali Mouahed:
Un grondement sourd à peine rythmé par les pas de Momo embrumait Anaria. Celui-ci se mit à chanter doucement, puis de plus en plus fort, mais cessa de peur d'être ridicule. Il leva la tête, rêveur, et observa les nuages... celui-ci ressemblait à une rose. Celui-là à un coeur... Plus vite qu'il ne l'aurait pensé, il se retrouva devant la porte. Timidement, il frappa trois petits coups. Comme rien ne se passait, il allait insister lorsque la porte s'ouvrit sur Anas. Elle était plus Tache de rouceur que jamais, et gratifia Momo de ce sourire si magique dont elle avait le secret. - Entre, lui dit-elle. Momo pénétra dans la salle à manger avant de se laisser choir dans un fauteuil. Il leva la tête vers Anas, et lui sourit. - Tu vas bien? - Embrasse-moi immédiatement. Ordonna-t-elle. Momo, prit au dépourvu, voulut comprendre, mais son amie ne lui en laissa pas le temps puisqu'elle se jeta sur lui et l'embrassa langoureusement. Lorsqu'elle se redressa, Momo vit ses yeux qui brillaient. Alors, sans mot dire, il se pencha vers elle, et à son tour, posa ses lèvres sur les siennes. Pour la seconde fois de leur histoire, donc, ils s'embrassèrent. Puis Momo approcha sa bouche de l'oreille de son amie et chuchota quelque chose d'imperceptible. Soudain, une larme coula sur la joue de Anas. - Moi aussi, je t'aime, dit-elle. - Ça y est... cela fait déjà un an... cela fait une année, une année que la foudre m'a frappé... cela fait un an que nous nous sommes rencontrés. Et je n'ai jamais eu d'autre amour que le tiens. - Il en est de même pour moi, mon chéri, déclara Anas. Personne ne pourra remplacer ton si galant sourire. Tu es unique, grâce à plein de petites choses. Personne n'a ta démarche, Personne n'a tes cheveux. Personne n'imite aussi bien que toi le cri du Rex. Personne ne connait l'histoire de Anaria aussi bien que toi. Personne à part toi ne m'a jamais dit que j'étais bizarre. Bref, personne à part toi ne mérite d'être dans mon coeur. - Embrassons-nous encore... souffla Momo. Ils s'embrassèrent donc. Au loin, on entendait ''Un Ange Frappe à Ma Porte'' de Natasha St Pierre. D'où cela venait-il? Quelle importance, du moment que c'était là. Bientôt, la musique, l'amour, les entraînèrent dans un tourbillon sans fin. Il n'y avait plus de plafond, plus de mur. Anaria était loin. Ils virent passer un olivier, au dessous d'eux. Puis deux. Maintenant, ils étaient sur la mer. Ils frissonnèrent... était-ce le vent qui s'était levé et qui faisait frémir un peu leur peau? Quelques nuages voilèrent le ciel. A mesure que les notes s'envolaient, la musique devenait de plus en plus belle, et le ciel de plus en plus gris. On se serait cru dans un tableau de Vangog. Des larmes de joie dans la voix, la musique jouait. Quelques gouttelettes de pluie vinrent alors troubler cet océan, tels des pizzicatos que le vent sifflant emportait au loin avant de les renvoyer à la figure des amoureux. Après quelques instants les gouttes grossirent, s'écrasant lourdement sur la surface de l'eau. Anas, que la folie saisissait, se voyait aimer au milieu des éclairs... Plus la musique jouait plus le temps s'agitait, plus le ciel s'assombrissait, plus les vagues grandissaient, se brisant bientôt contre leurs pieds dans une explosion d'écume crépitante, poussées par des bourrasques assassines... leur baiser dansait sur cet air tourmenté, cet océan symphonique, cet opéra dramatique, les vagues étaient à présent immenses et la pluie tranchait le ciel plus sombre que la plus noire des nuits, c'était affreusement grand et terriblement beau, si beau que ça faisait mal, la musique hurlait sa douleur, de plus en plus fort, les notes tourbillonnaient, le vent devenait tornade, les vagues devenaient rouleaux, les amants tournoyaient, autour de leurs bouches, autour de leurs mains... et tout s'arrêta soudain. - Anas... - Oui?... - Anas... veux-tu m'épouser?... - Oui... fit-elle doucement. Ils restèrent ainsi toute la nuit à se regarder dans le blanc des yeux. Parfois, ils s'embrassaient. Parfois, ils parlaient. - Ne me quitte jamais, disait Momo. - Je ne te quitterai jamais. Tu es bien trop mystérieux pour que je te quitte, répondait Anas. Tu es l'opposé de la bêtise, de la brutalité... tu vaux bien plus que ce rustre de Clark. Je ne sais pas comment j'ai fait pour lui trouver du charme. Et ils s'embrassaient. Puis ils s'embrassaient une nouvelle fois. Dans un sourire, un souffle, un battement de cils, ils se dirent ''je t'aime''. Ce sourire brille encore au fin fond des étoiles... ce souffle chante encore dans les hautes couches de l'atmosphère... ce battement de cils scintille toujours quelque part. Ils s'aiment.
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